Depuis le début du confinement, j’avoue avoir beaucoup de temps pour scruter les médias sociaux. Nul doute, mon fil d’actualité Facebook est aussi victime de la COVID-19 parce qu’il en est envahi. Mais un autre truc m’a sauté aux yeux et en discutant avec une amie, j’étais surprise de constater que je n’étais pas la seule à l’avoir observé.

Le confinement sera dur sur mon tour de taille!

Le confinement quel beau moment pour se remettre en forme!

Le confinement fait en sorte que je suis toujours dans le frigo!

Cet été je n’aurai pas mon corps de plage, mais mon corps de confinement!

Et j’en passe…

Je tiens à préciser que je ne juge aucunement les gens. Je comprends le désir de vouloir être en santé, de vouloir se remettre en forme. Je suis moi-même dans ce processus depuis quelques mois. Mais je dois admettre que j’ai été troublée lorsque j’ai pris conscience à quel point l’apparence physique, ou plutôt la perception qu’on a d’elle, est un réel enjeu pour beaucoup d’humains en cette période de pandémie. Devrais-je plutôt dire beaucoup de femmes. Parce que la grande majorité des publications que j’ai vue à cet effet ce sont des femmes qui les ont écrites.

Souhaitez être en forme, personne ne peut être contre l’idée. Mais ce qui me tracasse dans tous les messages que je vois passer c’est davantage la pression que les gens s’infligent pour le devenir. La recherche absolue de la minceur et de la beauté. Se juger plus ou moins sévèrement lorsque l’on mange moins équilibré ou plus qu’à la normale. Se sentir coupable d’avoir passé une journée en pyjama à regarder des séries. Vouloir être en santé, oui. Mais ne doit-on pas le faire de manière saine et équilibrée autant pour son corps que pour sa tête? Parce que, entre vous et moi, une perte de poids n’est pas nécessairement signe de bonne santé! Et n’est pas non plus nécessairement faite de façon saine.

Et comme si ce n’était pas assez, là où il y a un mal-être, il y a également ceux qui en profitent pour faire de l’argent. En plus des messages personnels que je vois, chaque jour, déroulés sur mon Facebook, il y a aussi la commercialisation qui gravite autour de l’image corporelle et de la perte de poids. Ceux qui te motivent à essayer d’être mieux autrement que dans le corps que tu as. Ces compagnies de produits amaigrissants qui utilisent le ciblage pour envahir les médias sociaux. Ces tonnes de coachs qui profitent du confinement pour te vendre l’entrainement à la maison en t’offrant 14 jours d’essai gratuit avec leur programme miraculeux et meilleur que celui des autres coachs.

Eux ils ont la solution miracle pour que le ‘’miroir, miroir’’ te dise enfin que c’est toi la plus belle!

Et dans tout ça je pense à moi, mon processus. Je pense aux femmes qui m’entourent et qui certes, semblent vivre difficilement la perte de contrôle sur leur corps provoqué par le confinement. Je pense à ces femmes qui vivent avec un trouble alimentaire au quotidien, ou à celles qui cumulent entrainement par-dessus entrainement dans l’espoir d’un jour être assez belles pour cette société qui en demande beaucoup du corps des femmes.

Je pense également à celles qui vivent mal la repousse de cheveux ou les sourcils non épilés parce que les salons sont fermés. Parce que oui des messages à ce sujet, j’en ai aussi vu passer des tonnes.

Je sais que plusieurs me diront ‘’Oui, mais c’est des farces’’. J’avais saisi le second degré. Mais je sais aussi que derrière l’humour, il peut y avoir un brin de vérité, ou un double sens. Parfois aussi, il peut s’y cacher un brin de douleur.

L’image du corps des femmes. Je crois qu’en cette période de pandémie, j’ai aussi fait le constat que jamais la pression de la perfection ne prend de pause. Même au moment où un état d’urgence sanitaire est lancé. J’ai souvent l’impression que nous sommes nombreuses à porter la même quête, d’acceptation et de bien-être, mais que nous la vivons seules. Que malgré tout le beau travail que nous faisons en silence sur notre estime et confiance, c’est encore et toujours le regard de l’autre qui pèse le plus dans la balance.